Colectomie

La colectomie est le terme par lequel on désigne l’acte chirurgical d’ôter une ou plusieurs parties du côlon.

Organisation du côlon

Le côlon est situé entre l’intestin grêle et le rectum, son positionnement dans l’abdomen suit le dessin d’une sorte de cadre rectangulaire.

Plusieurs portions constituent le côlon, portions qui se succèdent depuis l’intestin grêle jusqu’au rectum et composent ce cadre :

  • le cæcum (première partie juste après l’intestin grêle),
  • le côlon ascendant (ou droit),
  • le côlon transverse,
  • le côlon descendant (ou gauche),
  • le côlon sigmoïde (dernière partie avant le rectum).

S’agissant de la colectomie partielle, la résection concerne soit la partie droite du côlon, soit la gauche, soit la transverse : c’est pourquoi on parle de colectomie droite, au gauche, ou transverse.

Plus rarement, on peut être contraint d’ôter tout le côlon (colectomie totale).

Pourquoi envisager une colectomie ?

Les indications les plus courantes de la colectomie sont :

Le cancer du côlon

La colectomie partielle peut faire partie du traitement d’un cancer colorectal, le plus souvent en association avec un traitement par radio et/ou chimiothérapie, et afin d’ôter une ou plusieurs tumeurs délimitées.

La colectomie totale est envisagée lorsque l’envahissement de l’organe par les tumeurs cancéreuses met en jeu le pronostic vital du patient.

Diverticulose colique

Il s’agit d’une complication liée au développement de diverticules coliques, c’est-à-dire la formation de petits sacs situés sur la paroi du côlon, le plus souvent au niveau du côlon sigmoïde, et qui traversent la paroi, formant des hernies.

Ces diverticules peuvent être présents de naissance, ou se développer avec l’âge du fait d’une consommation insuffisante de fibres.

Les diverticules sont le plus souvent asymptomatiques, mais peuvent présenter des complications en cas d’inflammation, lorsque des bactéries s’y installent et s’y multiplient, créant une crise aigüe. Outre la douleur, l’inflammation peut provoquer une perforation de la paroi, entraînant à son tour un abcès ou une péritonite.

La répétition de ces crises (sténose colique) peut compliquer voire empêcher la progression des selles dans le segment de côlon concerné, et nécessiter une colectomie partielle.

Inflammation de l’intestin liée à une MC (maladie de Crohn) ou une RCH (Rectocolite Hémorragique)

La maladie de Crohn et la Rectocolite Hémorragique sont deux pathologies dites « auto-immunes », c’est à dire découlant d’une réponse excessive et inappropriée du système immunitaire, suite à une infection bactérienne.

Ces deux pathologies, douloureuses et invalidantes, ne peuvent pas être à proprement traitées, mais leurs symptômes peuvent être réduits à des proportions supportables.

La colectomie est envisagée en cas de complications évolutives : obstructions chroniques et occlusions intestinales, abcès, fistules internes, hémorragies.

Quelles sont les étapes d’une colectomie ?

Avant l’opération

Contrairement à l’idée présumée, la colectomie ne nécessite aucune purge ni diète de préparation à l’opération. Le patient est hospitalisé le jour de l’intervention, et peut prendre un repas léger le matin même, si ce repas précède d’au moins 6 heures l’anesthésie.

L’absorption d’un liquide type jus de fruit est possible jusqu’à 3 heures avant.

L’opération peut être effectuée dans le cadre d’une hospitalisation ambulatoire (retour chez soi le soir même), dans les situations les plus simples.

Sinon, l’hospitalisation dure de 2 jours à 8 jours selon l’ampleur de l’opération et l’état général du patient.

L’opération est pratiquée par cœlioscopie, c’est-à-dire en insérant dans l’abdomen outils très fins et caméra par de courtes incisions, avec avoir gonflé l’abdomen avec un gaz pour faciliter le maniement des outils. Cette technique, peu invasive, permet de limiter les zones cicatricielles, le choc opératoire, et les risques postopératoires.

L’opération peut également être réalisée par voie ouverte (laparotomie), si la partie à ôter est importante ou multiple, ou placée dans une zone complexe, et ce même si le début de l’opération a eu lieu par cœlioscopie.

L’intervention dure entre 1h30 et 3 heures selon la méthode et les difficultés rencontrées.

S’il s’agit d’une colectomie droite

L’ablation concerne la partie droite du côlon, incluant le côlon ascendant et éventuellement l’angle droit du transverse, et les vaisseaux et ganglions correspondants en cas de cancer.

La ou les parties de côlon à ôter sont identifiées par le chirurgien, qui les détache à l’aide de scalpel puis les extrait.

Il faut enfin raccorder les deux parties d’abord séparées par la partie de côlon retirée, afin de rétablir la continuité du tube digestif. Il faut donc couturer l’intestin grêle et le côlon, à l’aide de fils, pinces mécaniques ou agrafes.

Si nécessaire, on peut installer une dérivation temporaire des selles (colostomie), qui passeront par une poche raccordée à une partie non opérée du côlon, le temps de la cicatrisation.

S’il s’agit d’une colectomie gauche ou sigmoïdectomie

L’ablation concerne la partie gauche du côlon, c’est-à-dire l’angle gauche du transverse, le côlon descendant et la partie haute du rectum, ainsi que les vaisseaux et ganglions correspondants en cas de cancer.

La continuité digestive est dans ce cas assurée par la suture entre le côlon et le haut rectum, à l’aide de fils, pinces mécaniques ou agrafes.

Dans le cas de l’ablation du côlon sigmoïde, c’est le reste du côlon qui va peu à peu reprendre la fonction du sigmoïde, ce qui modifiera temporairement le transit, avant un retour progressif à la normale.

Après l’opération

Les drains, les sondes et la perfusion sont rapidement ôtés et le patient peut se mobiliser le jour même, le lendemain au plus tard sauf complications.

L’alimentation est également reprise dès le lendemain, d’abord sous forme d’aliments liquides, puis en réintroduisant l’alimentation solide.

La reprise du transit intestinal marque le retour à un fonctionnement normal du tube digestif.

Lors du retour à domicile

Un arrêt de travail de 3 à 4 semaines sera prescrit, ainsi qu’une ordonnance d’antalgiques pour les premiers jours.

Il n’y aucune consigne alimentaire particulière, mais il est toujours recommandé de s’alimenter de façon légère et équilibrée, en fractions réparties au cours de la journée.

L’exercice physique est possible au bout de 3 semaines après une cœlioscopie, 4 à 6 semaines après une incision classique.

Votre chirurgien vous indiquera les modalités de suivi de certains paramètres, à son cabinet ou par infirmière à domicile :

  • pouls,
  • tension,
  • température,
  • évolution de la douleur,
  • alimentation,
  • transit,
  • prise de sang,

Et fixera un rendez-vous de contrôle post-opératoire.

Quelques conseils :

Dans les premières semaines, éviter le port de charges et les activités physiques, privilégier la marche douce régulière mais le plus souvent possible.

La colle posée sur la cicatrice forme un pansement imperméable, il est donc déconseillé de prendre des bains ou de se rendre à la piscine dans les premières semaines, même si les douches sont possibles.

Les fils sont résorbables et se dégraderont en 3 mois environ.

Toute douleur majeure ou empirant, fièvre, masse perceptible dans l’abdomen ou hématome doit être signalé à l’équipe médicale.

Quelles sont les éventuelles complications opératoires ?

Pendant ou aussitôt après l’opération

La colectomie connaît les mêmes éventualités de complications que toute chirurgie : hémorragie, phlébite, embolie ou infection, ou de façon moins grave, abcès de cicatrice ou hématome.

Les problèmes d’abcès ou d’infection peuvent survenir légèrement plus souvent, le côlon étant un organe naturellement colonisé par les bactéries. Ces complications restent minoritaires et sont très surveillées, et le cas échéant aussitôt prises en charge par l’équipe médicale, au besoin en ré-intervenant.

D’autres complications sont plus strictement liées à la chirurgie du côlon :

  • Rupture de la suture pratiquée entre les parties reliées : une reprise de suture est alors pratiquée avec installation d’un anus artificiel temporaire ;
  • Fistules ou fuites, liées à une mauvaise cicatrisation, entraînant notamment une infection d’un autre organe comme la vessie voisine ;
  • Occlusion intestinale, ou reprise tardive du transit ;
  • Plaie de l’uretère, qui conduit l’urine du rein à la vessie et dont une partie se trouve proche du côlon sigmoïde ;
  • Péritonite.

Ces éventuelles complications sont anticipées et surveillées, et feront l’objet des traitements et rectifications appropriés, sans mettre en jeu le pronostic vital du patient.

Au cours des mois et années suivants

Si l’opération a été pratiquée par voie ouverte, une complication possible est l’éventration, c’est à dire l’écartement des muscles du fait d’une rupture des sutures intradermiques.

Il est alors possible de consolider la suture et replacer les muscles et organes par une intervention assez simple (voir la page Chirurgie de la paroi abdominale – Éventration).

Les autres interventions de chirurgie colorectale :