Chirurgie de l'obésité : présentation

La chirurgie de l'obésité, appelée aussi chirurgie bariatrique s'adresse aux patients atteints d'obésité sévère à morbide ayant pour but de réduire l'apport calorique journalier. Indispensable à la réussite du projet, la préparation est pluridisciplinaire et s'effectue très en amont de l'opération, tout comme le suivi post-opératoire qui peut durer plusieurs années.

Qu'est-ce que la chirurgie de l'obésité dite « bariatrique » ?

Le terme désigne les différentes techniques chirurgicales s'adressant aux patients souffrant d'obésité morbide ou sévère et associée à des comorbidités, et pour lesquels les autres méthodes d'amaigrissement tentées pendant au moins 6 mois ont échoué.

Les diverses méthodes opératoires visent toutes à réduire la capacité d'absorption d'aliments par l'estomac, et/ou détourner les aliments.

Il existe trois grands types de techniques :

  • la sleeve gastrectomie (restriction de l'estomac, diminution d'une part importante de son volume),
  • l'anneau gastrique (pose d'un anneau sur la partie supérieure de l'estomac qui empêche sa dilatation),
  • le by-pass (création d'une dérivation pour détourner une partie des aliments qui ne seront pas assimilés).

Ces interventions favorisent une sensation plus rapide de satiété et permettent ainsi de réduire drastiquement les apports caloriques quotidiens : divisés par 5 à 10, indépendamment de la volonté du patient, ils entraînent automatiquement une importante perte de poids.

A quels patients s'adresse la chirurgie bariatrique ?

Les patients éligibles à ces opérations sont ceux qui présentent un Indice de Masse Corporelle (IMC) supérieur à 40, ou supérieur à 35 et souffrant de comorbidités, c'est-à-dire des pathologies favorisées par l'obésité (hypertension, diabète, apnée du sommeil, arthrose etc.).

L'IMC se calcule en divisant le poids en kilogrammes, par la taille au carré (en mètre) : Poids/taille².

  • Un IMC compris entre 25 et 30 signifie un surpoids.
  • Un IMC supérieur à 30 et inférieur à 40 signifie une obésité modérée à sévère.
  • Un IMC supérieur à 40 signifie une obésité morbide, et la survenue inéluctable de pathologies associées.

En France, selon les chiffres du Ministère de la santé pour 2019, 17% de la population adulte est obèse, soit plus de 8 millions de personnes.

La proportion d'obésités sévères et morbides (IMC supérieur à 40) est en constante progression. En 2016, 2% des femmes et 1% des hommes présentaient une obésité sévère, contre respectivement 1,3% et 0,7% en 2006.

Les maladies métaboliques provoquées par l'obésité sont nombreuses : la plupart des diabètes, des déséquilibres du cholestérol et des triglycérides, des maladies du foie par surcharge de graisse, des hypertensions artérielles, des apnées obstructives du sommeil sont causés par l'obésité.

Sur les plans articulaire et cardiaque, l'obésité morbide entraîne des essoufflements entravant l'effort physique, et favorise arthrose et problèmes articulaires ainsi que certains cancers gynécologiques.

Outre ces pathologies et la réduction de l'espérance de vie, les conséquences psychologiques et sociales sont importantes : mésestime de soi, dépression, isolement, difficultés de maintien d'une vie sociale et professionnelle de qualité, etc.

Les patients envisageant une chirurgie bariatrique doivent d'abord avoir tenté de suivre un régime alimentaire de 6 mois : ces interventions ne sont proposées qu'en second recours.

Le résultat probant de ces chirurgies est la perte de poids importante et prolongée, mais il ne s'agit que de la suppression d'un symptôme, sans avoir supprimé la cause de l'obésité. Il est donc primordial d'avoir identifié les causes de l'obésité chez le patient, afin d'accompagner l'opération d'une démarche de traitement au long terme (suivi nutritionnel et psychologique essentiellement).

Le succès à long terme de l'opération nécessite donc, au-delà du geste opératoire, de mettre en place une bonne hygiène de vie (diététique et activité physique) et un suivi psychologique le cas échéant, parfois à vie.

Quelles sont les causes de l'obésité ?

L'obésité est une maladie chronique multifactorielle qu'on peut regrouper en 4 catégories :

  • le facteur biologique : âge, sexe, traitements médicamenteux favorisant la prise de poids, le terrain génétique,
  • le facteur familial : éducation ou non au sport ou à l'activité physique, habitudes alimentaires, modèle familial,
  • le facteur environnemental : accès simple et peu coûteux aux aliments les plus gras/salés/sucrés, publicité omniprésente de ces aliments, mode de vie sédentaire, urbain, axé sur les écrans,
  • le facteur psychologique : l'anxiété, la solitude et la dépression, l'obnubilation des régimes et de l'image soi, ou encore un traumatisme psychique survenu notamment à l'enfance.

C'est parce que plusieurs facteurs sont en jeu, socio-culturels, physiologiques et psychiques, qu'une opération bariatrique est un projet collectif. Il associe étroitement le patient à un collège de spécialistes, dont le chirurgien, chacun participant à l'évaluation médicale et psychologique pré-opératoire, puis au suivi post-opératoire.

A quelles conditions l'opération peut-elle produire tous ses effets ?

Programmer une chirurgie bariatrique est une décision collective, mûrie avec le patient très en amont, résultant d'un processus échelonné sur plusieurs mois.

Il est nécessaire de commencer par un bilan des causes de l'obésité, des raisons de l'échec des tentatives d'amaigrissement classiques, et de déterminer la technique qui sera la plus adaptée au patient.

La décision inclut l'avis du chirurgien, mais aussi d'un nutritionniste, d'un psychologue et d'un anesthésiste. Tous accompagnent le patient dans ce projet à long terme, qui nécessite de sa part une forte implication, une réflexion approfondie et une relation de confiance durable.

Si toutes les conditions sont réunies, la chirurgie bariatrique permet la perte de 40 à 80% de la surcharge pondérale, de façon durable, et la réduction ou la disparition des comorbidités associées à l'obésité.

Cette chirurgie comporte néanmoins des risques, notamment liés aux pathologies associées qui peuvent être sources de complications. Certaines carences alimentaires peuvent découler du régime post-opératoire, ou encore des vomissements en période d'adaptation à la capacité réduite d'absorption de l'estomac.

La participation à des groupes de parole permettant l'échange avec des patients opérés est souvent suggérée : elle permet au patient d'exprimer inquiétudes et questions, et d'obtenir des retours précieux d'expérience.

Lire aussi :